Immersion dans l’atelier scientifique de Sophie Khartenberger

Comment capturer l’invisible, donner forme à l’éphémère, révéler les mystères du vivant ? À cette question, l’artiste Sophie Keraudren-Hartenberger répond par une approche singulière, où la chimie et la biologie deviennent des outils de création. Ses œuvres, entre expérience scientifique et poésie visuelle, interrogent les liens subtils entre le monde minéral et le vivant.

Laboratoire CEISAM © mimar

Un parcours entre intuition artistique et rigueur scientifique

Née en 1990 à Fréjus Saint-Raphaël, Sophie Keraudren-Hartenberger suit un cursus aux Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire et obtient son diplôme en 2016. Très vite, son travail s’oriente vers une exploration des phénomènes naturels, avec une approche qui mêle observation, expérimentation et émerveillement.

Ses œuvres sont exposées dans des lieux de renom, du Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes (Noir comme Vénus) à l’Arsenal de Besançon (Blooming). À travers diverses résidences artistiques, notamment au FRAC Alsace et à Bordeaux, elle affine une démarche qui dépasse les catégories traditionnelles de l’art contemporain.

Installation Blooming ©Sophie Keraudren Hartenberger

De l’atelier au laboratoire : l’art comme terrain d’expérimentation

Pour Sophie Keraudren-Hartenberger, le laboratoire est un véritable écrin où la matière est soumise à des réactions inattendues. Plutôt que d’utiliser des outils conventionnels, elle puise dans les procédés chimiques et minéralogiques pour façonner ses œuvres. Cristallisations, dépôts de sel, formations minérales : chaque expérience devient une œuvre en mutation, vivante par essence.

Ses installations plongent le spectateur dans un univers mouvant, où la matière semble naître sous ses yeux. Dans cet équilibre fragile entre science et art, elle interroge ce qui sépare – ou relie – le vivant du non-vivant.

Life : une plongée aux origines du vivant

Un projet illustre particulièrement cette quête : Life, présenté en 2024 lors de l’exposition Anatomie du vivant à Stereolux. Inspirée par les travaux du médecin nantais Stéphane Leduc, qui, en 1905, tentait de recréer artificiellement la vie à partir de réactions chimiques, Sophie revisite ces expériences avec une approche artistique contemporaine.

En collaboration avec le laboratoire CEISAM de Nantes Université, elle recrée des jardins chimiques, où des formes organiques surgissent spontanément de solutions salines et de minéraux. Ces structures, étrangement familières, évoquent les premières ébauches du vivant, à l’aube de l’évolution. Elles interrogent notre perception du naturel et de l’inerte, tout en offrant un spectacle d’une beauté hypnotique.

Portrait de Sophie avec deux oeuvres de son installations “Life” ©mimar

Une artiste aux frontières du visible

Sophie Keraudren-Hartenberger ne se contente pas d’observer le monde, elle en questionne les fondements. À travers ses œuvres, elle révèle l’invisible, rend perceptible l’imperceptible et bouscule notre regard sur la matière.

Son travail, à la croisée de l’art et de la science, nous rappelle que la création et la découverte partagent une même essence : celle de l’exploration. En s’appuyant sur des phénomènes naturels, elle invite à un voyage sensoriel où la curiosité devient la clé d’une nouvelle compréhension du monde.

Avec elle, l’art se fait expérience, et le regardeur devient témoin d’une alchimie aussi poétique que fascinante.

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